jeudi 28 janvier 2010

Des jardiniers souterrains

Si les vertébrés sont à l’honneur depuis plusieurs semaines sur ce blog, il ne faut pas perdre de vue que la diversité des espèces animales est avant tout assurée par les arthropodes. Araignées, iules, scarabées, papillons, criquets… Du sous-bois à la canopée, plusieurs centaines de milliers d’espèces d’invertébrés peuplent la forêt tropicale.


Au sol, nous croisons souvent les tranchées formées par les fourmis champignonnistes (ci dessus, Atta sp.). Travailleurs infatigables, ces insectes se déplacent en file indienne pour emporter dans leur fourmilière souterraine des morceaux de feuilles et de fleurs découpés directement sur les plantes. Ces débris végétaux, parfois bien plus gros que la fourmi elle-même, leur servent de substrat organique pour cultiver les champignons dont elles se nourrissent.


Même avec un bon objectif macro, deux flashs et un trépied, nous avons du mal à photographier l’activité de ces hyménoptères (petits sujets rapides, avec peu de lumière... le pire !). Néanmoins, ces fourmis n'étant pas agressives, nous pouvons les approcher sans risquer de grosses morsures. Au milieu des mygales et serpents, ces petites bêtes paraissent bien ridicules... ne pas se fier aux apparences ! Nous avons testé à plusieurs reprises les attaques de fourmis Pseudomyrmex ferruginea, qui défendent les acacias sur lesquels elles vivent en symbiose : même si leur taille ne dépasse pas 3 millimètres, les morsures sont très douloureuses!

samedi 16 janvier 2010

Entre deux pierres mayas : un iguane

Nos dernières virées naturalistes sont très liées à la découverte des sites précolombiens de la péninsule du Yucatan. Plus ou moins enfouies dans la jungle, nous visitons notamment les cités mayas de Coba, Ek’Balam, Uxmal, Tulum et Chichen Itza. Les mayas ont bel et bien quitté ces cités mais la faune y est toujours présente. L’un des habitants de ces ruines est l’iguane noir, ou cténosaure (Ctenosaura similis).

Aux heures chaudes de la journée, cet iguane terrestre quitte les cavités formées par les vieilles pierres pour se réchauffer au soleil. Savoir repérer ces reptiles est le plus difficile pour les photographier : bien camouflés sur les flancs des pyramides, nous les distinguons seulement lorsqu’ils se déplacent. L’aide des gardes présents sur les sites archéologiques est parfois même indispensable !

L’iguane noir est commun en Amérique centrale et les ruines mayas ne sont pas son unique habitat. Lors d’une pause pique-nique au milieu d’une mangrove, le long de la côte caraïbe, nous avons l’occasion d’en observer plusieurs sur les racines des palétuviers. Sans doute attirés par l’odeur de nos boîtes de thon, ils se sont aimablement prêtés à une séance photo à quelques centimètres de notre objectif.

mardi 5 janvier 2010

La loi du plus fort


Dans les forêts tropicales humides du Nouveau Monde, ce n'est pas un coq mais un singe qui réveille les habitants de la jungle au lever du soleil. L'alouate, plus communément appelé singe hurleur, est capable de se faire entendre sur plus de 3 kilomètres à la ronde. Même habitués à son cri surpuissant, nos poils se hérissent à chaque fois que nous entendons, au dessus de notre tente, les mâles marquer leur territoire avec leurs cordes vocales.


Photographier le singe hurleur (ici l’espèce Alouatta pigra, ou hurleur du Guatemala) est un véritable défi. Perché à plusieurs mètres de hauteur, il se retrouve systématiquement en position de contrejour et son pelage noir devient alors difficile à mettre en évidence. Il faut donc espérer une occasion où le singe soit assez bas dans son arbre, avec une lumière rasante sur son visage…


Lorsqu’il ne rugit pas comme un lion, le singe hurleur est plutôt paisible. Largement folivore, il passe de longues heures à digérer les feuilles coriaces qu’il ingère. De nombreuses bactéries dans son estomac l’aident d’ailleurs à assimiler la cellulose des végétaux. Il est donc plus facile d’observer un groupe d’alouates au repos qu’en pleine démonstration acrobatique en haut des arbres !